Rhône en Seine

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Personne n'est dupe, le grand vin est devenu un produit de luxe. Une dégustation dans un palace parisien (Hôtel Georges V) ce lundi 3 novembre nous a permis de le confirmer... et pourtant pas un Bordeaux n'était présenté ! "Rhône en Seine" est un événement à succès réservé aux professionnels et organisé par 40 des meilleurs vignerons de la Vallée du Rhône. La plupart n'ont d'ailleurs déjà plus de vin à vendre.

L'endroit est bondé toute la journée : c'est un excellent moyen pour gagner du temps. Côté vignerons, cela permet de rencontrer de nombreux sommeliers, restaurateurs en une seule journée... et d'économiser le temps d'autant de visites au domaine, où le travail ne manque pas, à la vigne comme au chai, pour signer de grands vins et assumer ensuite personnellement leur statut de "star". Pour les clients, c'est la même chose : beaucoup de temps et de kilomètres économisés ! Un moment "gagnant –gagnant" ! Un moment qui complète bien sûr les visites sur place, indispensables pour des échanges en profondeur.

Les stands sont encombrés de groupuscules de dégustateurs qui ne se sont pas vus depuis... le dernier salon. On se tape plus dans le dos qu'on ne déguste, mais c'est la rançon de la gloire ! La dégustation est ici presque futile, les cuvées "premium" présentées représentant ce qui se fait de mieux. Un exemple ? Pierre Gaillard (enfin... Pierre-Antoine, son fils !) ne présentait que ses emblématiques "Clos de Cuminaille" (Saint-Joseph) et sa "Rose Pourpre" (Côte-Rôtie) !

On le réalise dans ce genre d'occasions, surtout en écoutant les conversations des visiteurs de l'événement: Les noms des meilleurs vignerons deviennent des marques. Après ce constat, deux façons de voir les choses pour les illustres vignerons : Première solution, on conserve ses propres vignes tout en achetant parfois une belle parcelle pour agrandir modérément son domaine, produisant quelques dizaines de milliers de bouteilles, et le céder à ses enfants. Seconde solution, on "surfe" sur sa marque et on crée un négoce à échelle mondiale avec en ligne de mire la barre des 10 millions de bouteilles. Les adeptes du premier choix restent droits dans leurs bottes (en caoutchouc vert) et travaillent dur avec leurs propres vignes. Ils "montent à Paris" pour cet événement, un partage indispensable avec les acteurs d'un de leurs plus gros marchés (en qualité), et aussi une bouffée d'oxygène (si on peut dire ;-) qui leur permet de passer un bon moment avec d'autres vignerons aux mêmes valeurs, amoureux de leurs produits. Ceux qui ont opté pour le second choix sont absents (pas invités ?). Ils ont déjà surfé sur le potentiel commercial de leur "marque-patronyme" et se sont développés tous azimuts (à l'international notamment), produisant, grâce à des achats efficaces, des millions de bouteilles de qualité régulière. Ils laisseront une multinationale à leurs enfants, et quelques vignes. Une question de choix...

Vignerons d'Exception, comme son nom l'indique, sélectionne plutôt les premiers... qui réalisent toujours leurs vins eux-mêmes. Tant pis pour les volumes !


Quelques news:


Stéphane Ogier est en forme ! Après la "segmentation" très bourguignonne de sa gamme avec la sortie de son Côte-Rôtie "Le Village" (premier millésime 2012), voilà deux nouvelles sélections parcellaires, mises de côté en 2010. "But de Mont" typé Côte Blonde, et "Champon" typé Côte Brune. Magnifiques, vivement la mise en bouteilles !


Maxime Graillot a sorti de sa cave, en plus de ses 2012 qui commencent à s'ouvrir, quelques Crozes-Hermitage 2005... sorte d'hommage au père, Alain, resté dans les vignes... et confirmation que ces bouteilles sont encore magnifiques après une dizaine d'années.
Maxime Graillot

Domaine Jean-Michel GerinScoop chez Gerin (et fils !) : un nouveau Condrieu voit le jour, issu d'une parcelle bien spécifique, (Les Equets ?) 2000 bouteilles seulement. La Loye est toujours aussi bon.









Décevants Château Grillet 2011. C'est le premier millésime des nouveaux propriétaires, qui ont été « victimes » de vignes vendues « en l'état » : ils n'ont maîtrisé que les vendanges et les vinifications. Depuis 2011, les propriétaires de Château Canon à Saint-Emilion et Rauzan-Segla à Margaux (et accessoirement de Chanel) ont beaucoup investi pour remettre les vignes et les chais en état. Attendons les prochains millésimes pour voir si ce monument abandonné retrouve son lustre, ce qui est quasi certain étant donné le potentiel du domaine-terroir-appellation !

Pierre-Antoine Gaillard pause déjeuner !

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