Le vrai-faux Saint Joseph de Christophe Curtat

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Un vin délicieux et abordable

Pourquoi un Saint-Joseph issu partiellement de vieilles vignes centenaires et élevé un an en fûts de chêne (partiellement aussi) est-il proposé à seulement 12€ ?

Parce que ce n'est plus un Saint-Joseph, pardi ! QED.

L'histoire du vrai-faux Saint Joseph de Christophe Curtat

Une belle histoire que les habitués connaissent déjà : Christophe Curtat a repéré cet hectare de vignes dans un coin reculé de l'appellation Saint-Joseph (qui s'étend sur les départements de la Loire et de l'Ardèche), notamment grâce à une parcelle d'impressionnants ceps de syrahs plus que centenaires situées en haut de coteau. Il en a obtenu le fermage auprès d'un propriétaire âgé, qui n'avait pas "officiellement" déclaré sa vendange (vendangeait-il ?) aux douanes depuis une dizaine d'années. Résultat : après 8 ans sans "déclaration de récolte", la législation est très claire, les vins issus de cette vigne ne peuvent plus prétendre à l'appellation d'Origine Protégée initiale, en l'occurrence Saint-Joseph. Et pourtant, quelle vigne, et quel sol !

curtat-syrah


Qu'importe l'appellation, le terroir et les vieilles vignes sont là pour faire un bon vin. Christophe Curtat a rencontré le propriétaire et obtenu son fermage en 2013. Il a beaucoup investi et travaillé d'arrache-pied les sols, remplacé les ceps morts et vieux hybrides restés en plant ;-) mais n'a volontairement rien produit en 2013. 2014 était son premier millésime de "Syrah d'Ardèche", un IGP (pour Indication Géographique Protégée, anciennement Vin de Pays) original et bien loin des stéréotypes de "petit vin". Nous avons proposé ce vin en octobre 2015 dans notre lettre d'information... et sommes tombés en rupture de stock dans les 3 jours. Heureusement le millésime 2015 a été bien plus généreux, et nous avons "tenu" quelques semaines, et depuis la liste des clients qui ont demandé à être prévenus de la sortie des 2016, frustrés de la rupture de stocks du 2015 (février 2017), n'a fait qu'augmenter.

Un an d'élevage et une cuvée "moderne"

A notre avis, bien des propriétaires de Saint-Joseph se damneraient pour cultiver cet hectare, composé aussi, il faut le préciser, de vignes plus jeunes situées en bas de coteau, dont l'assemblage - un art superbement maîtrisé par le vigneron - avec la fameuse parcelle centenaire donne un résultat idéalement équilibré et plus léger que le "grand" Saint-Joseph de garde du domaine. Il le dit lui-même "je profite de cette opportunité pour vinifier un bon canon sans prétention". Pour autant, cet assemblage a bénéficié pendant un an d'un élevage en fûts de chêne de 2-3 vins (pour moitié), et en cuves inox (pour l'autre moitié), passage incontournable pour Christophe Curtat, dans son souci permanent de privilégier la qualité et le raffinement à la quantité et la rusticité, n'en déplaise aux "anciens" de l'appellation, dont les vins n'étaient bons à boire qu'après 4 ou 5 ans de bouteille.

Aujourd'hui, les vins signés Curtat ont tous un bon potentiel de garde (y compris cette syrah d'Ardèche, qui est cependant idéale dans ses 3 premières années), mais ils sont aussi bons à déguster juste après leur mise en bouteille (surtout les rouges, les blancs nécessitant quelques mois pour "se faire"), une modernité bienvenue pour les restaurants lyonnais qui achètent à eux seuls plus de la moitié des faibles volumes du domaine.

Amateurs de syrah et de bons vins du Rhône, ce "Saint-Joseph non administrativement correct" ne vous décevra pas, mais laissez-en un peu aux autres, pas comme l'an dernier, ce n'est quand même pas un Côte-Rôtie !

Syrah d'Ardèche 2016, 12 €

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